
Les
recherches sur les essences de roses :
Depuis
l'ère romaine jusqu'à nos jours, toutes
sortes d'efforts ont été accomplis pour
extraire l'essence des roses.
La
première tentative consista à fabriquer une
préparation parfumée à la rose en faisant
macérer des pétales dans de l'eau afin d'y
transférer la senteur. Mais un jour, au cours
de ce processus, peut-être à cause d'une
exposition accidentelle à la lumière du
soleil, la température du flacon s'éleva
plus que d'habitude.
A la surprise générale, la chaleur précipita
les graisses présentes et de l'huile remonta
à la surface. C'était la naissance de
l'essence de rose, qui donna un parfum bien
plus fort et plus durable que l'eau de rose.
Saviez-vous que les roses entrent dans la
composition de la fragrance de la plupart des
parfums :
Aujourd'hui,
on fabrique les parfums en mélangeant de 100
à 700 types d'essences différentes. Les
types d'essences mélangées, ainsi que leur
composition, sont un secret commercial.
Le
jasmin est appelé le roi, et la rose, la
reine des nombreuses fleurs dont on extrait
les essences. Contrairement au jasmin, dont la
senteur puissante est prisée par certains
mais déplaît à d'autres, la rose a la
faveur de tous. On l'associe à de nombreuses
autres essences pour créer la senteur qui
aura votre préférence.
Il
y a une différence de substance entre la
senteur des roses que l'on fait pousser
aujourd'hui dans les parcs et les jardins et
celle des roses odorantes de Bulgarie, de
Turquie, de France et du Maroc cultivées pour
leurs huiles essentielles.
On a découvert, dans les roses modernes, un
nouvel agent aromatique qui n'était pas présent
dans les espèces originelles. Cette substance
a une note verte humide et une odeur épicée/poudrée
de phénol. C'est une caractéristique commune
à toutes les roses modernes.
Par contraste avec les roses que l'on cultive
pour leur essence et qui ont une note pénétrante,
les roses modernes ont une note douce et légère,
ainsi qu'une note rafraîchissante de violette
verte. Certains pensent que les roses modernes
n'ont pas un parfum magnifique, mais en réalité
nombreuses sont celles qui sont dotées de
senteurs merveilleuses.
Si
l'on schématise, il y a aujourd'hui deux régions
qui cultivent les roses dont on extrait les
essences. La première région comprend la
Bulgarie et la Turquie, où se cultivent
principalement des espèces améliorées de la
R. damascena.
La seconde région couvre le sud de la France
et le Maroc, qui cultivent principalement la
R. centifolia.
Parmi ces espèces, la rose de Bulgarie est
particulièrement célèbre pour son
exceptionnelle qualité : on dit en effet que
la terre et le climat bulgares sont idéaux
pour la culture des roses. La Bulgarie est le
principal producteur de roses cultivées pour
leurs essences, elle exporte chaque année de
5 900 à 6 350 litres d'huiles essentielles.
Il faut 1 400 fleurs pour obtenir 1 gramme de
la précieuse huile essentielle, qui est
l'extrait naturel de la rose, et 3 tonnes de
roses sont nécessaires pour obtenir 1 kilo
d'huile essentielle.
Une fois cueillies, les fleurs sont passées
à la vapeur à environ 120°C et distillées
pendant 3 heures pour extraire l'huile
essentielle de rose ainsi que l'eau de rose.
Pendant
la Renaissance, le goût pour le parfum se développa
et le procédé de la distillation fut
introduit en Europe. Pour alimenter
l'industrie de la parfumerie, on établit à
Grasse et dans sa région des plantations de
roses et autres fleurs odoriférantes. Cette
production se poursuit encore de nos jours;
toutefois, la production de rose Otto de
Grasse ne couvre que les besoins de Chanel;
les principaux pays producteurs d'huiles
essentielles sont aujourd'hui la Bulgarie et
la Turquie.
Lorsque
l'on étudie et analyse le parfum des roses,
on est confronté à la difficulté de décrire
chaque senteur avec des mots.
On emploie généralement des termes littéraires
comme "somptueux", "frais"
et "passionné" pour définir la
première impression. Des adjectifs tels que
"sucré" et "acide" sont
couramment utilisés pour décrire les goûts.
Ensuite, il y a les termes de base tels que
"note verte" ou "note poudrée"
pour qualifier la fragrance. Les senteurs sont
aussi généralement comparées à des fleurs
et à des fruits courants, on dit que c'est
"citronné" ou que cela "évoque
la violette". On peut également employer
les noms chimiques des substances odoriférantes
comme le "géraniol" ou le "phénétol".
Voici, par exemple, comment on décrivit la
fragrance de la Papa Meilland quand elle gagna
le premier prix du concours de la fragrance de
rose en 1995:
"Sa senteur est riche en géraniol et en
nérol, qualité exclusive de la rose de Damas
moderne. Elle a aussi une forte note verte et
fraîche, une odeur miellée et est très
odorante." Quelle sorte de fragrance
peut-on imaginer en entendant une telle
description ? Les chercheurs de Shiseido
chargés de l'étude des fragrances ont divisé
la vie de la rose en quatre stades : le
bouton, la première phase de la mi-éclosion,
la dernière phase de la mi-éclosion et la
pleine floraison. Ils ont ainsi effectué des
analyses qualitatives et quantitatives de son
contenu aromatique à chaque stade du développement.
En prenant trois pétales de chaque fleur, ils
ont étudié le moment où la fragrance
devenait la plus forte.
Ils ont ainsi découvert que les boutons
contiennent une proportion élevée de Diméthoxyméthybenzène,
ce qui accentue la fraîcheur de la note
verte. Dans les toutes premières minutes de
la première phase de la mi-éclosion, la
douceur et la fraîcheur s'équilibrent pour
produire une senteur exquise. Mais, lors de la
dernière phase de la mi-éclosion, alors que
l'on considère que la fleur est au maximum de
sa beauté, les chercheurs ont constaté que
le niveau de fragrance déclinait déjà.
Maintenant, nous savons que la fragrance de la
rose est à son apogée au stade de la première
phase de la mi-éclosion.
Dans
les années 1980, le parfum de la rose devient
l'une de ses principales caractéristiques. En
1982, le prix du parfum est créé au sein du
concours des roses de Bagatelle.
Depuis le début du siècle, de nombreuses
associations ont vu le jour pour rendre au
travers de leurs expositions multicolores et
parfumées un hommage simple et glorieux à
cette fleur qui a traversé les siècles sans
faner ni flétrir et qui, au fil du temps a
acquis non pas la sagesse mais le parfum, la
diversité et la beauté.
 
|